Neuengamme,

100 000 déportés,

55 000 morts




Introduction : Le système concentrationnaire nazi

Dès son arrivée au pouvoir en 1933, Hitler mit en place des camps de concentration destinés aux opposants à son régime afin de les isoler en un même lieu pour qu'ils ne divulguent pas leurs idées.
Officiellement, le premier camp de concentration est celui de Dachau, ouvert en mars 1933. Toutefois, ces camps ont déjà été utilisés auparavant par les S.A.. La durée de l'internement y est variable selon les cas : le but de ces camps étant de remettre ces opposants dans le "droit chemin", celui du IIIeme Reich raciste. Pour cela, brutalité, abrutissement et asservissement y sont les mots d'ordre.
Puis très vite, ces camps recevront des personnes nuisibles à la "pureté de la race aryenne" telles que les Juifs, les tziganes, les homosexuels ou les déficients intellectuels. Ils acceuilleront aussi des prisonniers de droit commun.
Dès 1939, la solution finale est mise en oeuvre dans certains camps alors que les détenus sont exploités, la Guerre réduisant la main d'oeuvre allemande. Les camps sont en fait exploités économiquement dès 1935. L'extermination par le travail devient ainsi l'un des buts des nazis, alors que de nombreuses expérimentations médicales barbares sont effectués sur certains détenus, parfois très jeunes.

L'histoire de Neuengamme et ses kommandos

Installé en 1938 au milieu des marais, à 25 km de Hambourg, Neuengamme est d'abord un commando de Sachsenhausen. Ses détenus travaillent notamment à la briqueterie confisquée, à construire le camp, à creuser un canal reliant l'Elbe au camp.

La Briqueterie
La Briqueterie


Le 4 juin 1940, Neuengamme devient camp autonome. Il reçut alors jusqu'en 1945 près de 100 000 détenus dont 15 000 Soviétiques, 13 000 Polonais, 12 000 Français et 8 800 Allemands. On estime que ce camp aura fait 55 000 morts.


Neuengamme disposait de 75 kommandos : 58 d'hommes, 17 de de femmes et 3 sous-kommandos subordonnés au camp. En 1945, l'effectif de ces camps est supérieur à celui du camp principal. Tout comme à Neuengamme où l'on extrait la glaise, décharge les péniches, comble les marais sous les coups des S.S., les activités des kommandos sont très diverses et pénibles.
Il y a la fabrication de ciment à Neesen, la construction de marine marchande à Hambourg, des masques à gaz à Limmer, la construction de l'énorme base Valentin qui sera un abri à sous-marin, etc.
Ce travail épuisant, la manque de nourriture, le froid, l'infâmie des S.S. coutèrent la vie à des milliers de détenus.
Par ailleurs, les S.S. attribuaient de nombreuses tâches à certains déportés. Les kapos, les sous-kapos, les chefs de Blocks exercaient des fonctions de surveillance,d'auxilliaires, distrubuaient la soupe...
La survie dépendait beaucoup des kapos qui pouvaient être tout aussi violents que les S.S..

Prisonniers au travail

Prisonniers au travail à Neuengamme


Mais il ne faut pas oublier que des expérimentations médicales cruelles furent pratiquées. Ainsi au moins 20 enfants juifs ont subi l'inoculation de la tuberculose par le médecin SS Kurt Heissmeyer. Très malades, on leur retira leurs ganglions pour des analyses. Devant l'avancée alliée, on les pendit le 20 avril 1945 avec leurs 4 autres médecins eux-même détenus. Le plus jeune avait 5 ans. Leurs médecins détenus les droguèrent avant la pendaison pour leur épargner un peu de souffrance.

L'Ecole
L'école où furent assassinés avec leurs 4 médecins :

Marek James, 6 ans
H. Wassermann, 8 ans
Roman Witonski, 6 ans, et sa soeur
Eleanora, 5 ans

R. Zeller, 12 ans
Eduard Hornemann, 12 ans, et son frère,

Alexandre, 9 ans

Riwka Herszberg, 7 ans

Georges-André Kohn, 12 ans

Jacqueline Morgenstern, 12 ans

Ruchla Zylberberg, 8 ans

Edouard Reichenbaum, 10 ans,

Mania Altman, 5 ans

Sergio de Simone, 7 ans

Marek Steinbaum, 10 ans,

W. Junglieb, 12 ans,

S. Goldinger, 11 ans,

Lelka Birnbaum, 12 ans,

Lola Kugerman, 12 ans,

B. Mekler, 11 ans,



La vie au camp


A leur arrivée, les détenus sont photographiés et voient leurs bien confisqués, puis ils passent à la douche, sont entièrement rasés et recoivent leur uniforme rayé. Puis on leur attribue un numéro et un Block. L'horreur et la tentative de déshumanisation commence dès l'arrivée.
Ensuite, chaque matin, les detenus se réveillent vers 4 heures. Après la toilette et le maigre déjeuner s'apparentant plus à de la soupe au lait qu'à du café, ils doivent faire leurs lits dans lesquels ils dormaient parfois à quatre. L'inspection de ceux-ci est bien souvent sujette aux coups et aux insultes lorsque que le moindre brin de paille en dépasse.
Puis c'est l'interminable appel dans la cour centrale. Les hommes sont épuisés, transis de froids et affamés, mais ils doivent rester debout de longues heures au risque d'être assassinés froidement. Celà aura également lieu le soir, après le retour de l'épuisante journée de travail. C'est également le soir que les détenus recevront leur soupe, que l'on pourrait plutôt comparer à de l'eau chaude. Les travailleurs de force recevront en plus, au diable l'avarice, une tartine de pain. Enfin, ils recevront aussi leur ration de pain pour le lendemain avec un peu de margarine ou de confiture.
Mais la vie au camp, ce n'esit pas seulement la faim, c'est aussi la violence. Les kapos et les S.S. ne perdent pas une occasion de faire valoir leur violence. Il existe d'ailleurs un système tout à fait officiel de punitions, 10 coups de nerfs de boeufs pour ceci, 30 pour celà. Souvent, devant les autres détenus, on pend les bras retournés dans le dos, on assassine. Ainsi un détenus fut condamné à une cinquantaine de coups de nerfs de boeuf, devant ses camarades, les S.S. continuèrent à les lui administrer alors même qu'il était déjà mort aux premiers coups.


L'évacuation et la libération

Dès le 6 avril 1945, l'avance alliée venant de l'Ouest provoque l'évacuation des kommandos vers Neuengamme. Les malades partent par convoi ferrovière vers Bergen-Belsen.
Mais très vite, l'avance soviétique à l'Est provoque l'évacuation générale du camp de Neuengamme. Trois convois partent alors. L'un pour Sandbostel, l'autre pour Bergen-Belsen et le dernier pour Lübeck. De nombreux détenus moururent durant cet hexode dans les wagons à bestiaux surchargés ou dans les marches interminables et parfois insensées. Il ne faut pas non plus oublier la tuerie de Lübeck où les bombardies anglais coulèrent trois bateaux pleins de détenus quittant avec leurs tortionnaires le camp de Neuengamme. Ces bombardements du Cap Arcona, de l'Athen et du Thielbeck firent 7 300 morts, le 3 mai 1945. Seules 150 personnes survécurent miraculeusement. Rappellons nous aussi de la tuerie de Sandbostel sans doute provoquée par un simple vol de pain dans les cuisines.
Lorsqu'à la fin avril, Sandbostel et Bergen-Belsen sont libérés, des centaines de morts jonchent les sols.

Bergen-Belsen

Bergen Belsen, 15 avril 1945,
Des milliers de cadavres à enterrer

Le 13 avril 1945, les SS quittent Bergen-Belsen ravagé par le typhus. Le 15 avril, le camp est libéré par le 63ème régiment anti-chars anglais. L'évacuation ne se fera qu'à partir de mai en raison de l'épidémie qui obligea ensuite les britanniques à détruire le camp.
Lorsque Sandbostel est libéré le 29 avril 1945, des centaines de corps gisent sur le sol, tandis qu'un plus grand nombre encore est entassé dans des fosses communes.
Le 4 mai, Neuengamme est à son tour libéré

Si aujourd'hui Sandbostel ne ressemble plus qu'à un immense champ de sable et de cendres, on peut voir à Bergen-Belsen, d'innombrables monticules de terre cerclés de petits murs en béton, construits à la libération, où l'on peut lire tantôt : " Hier ruhen 1 000 Töte, april 1945", tantôt "Hier ruhen 10 000 Töte, april 1945" et parfois "Hier ruht eine unbekannte anzahl Töter, april 1945". Ici repose un nombre inconnu de morts.


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Je remercie de tout coeur l'Amicale Neuengamme de m'avoir permis de visiter le camp central et ses kommandos